Un éternuement peut projeter jusqu’à 100 000 particules virales à plus de deux mètres de distance. Certaines bactéries résistent plusieurs heures sur les poignées de porte, alors que d’autres agents pathogènes ne survivent que quelques secondes à l’air libre.
Des maladies infectieuses réputées éradiquées réapparaissent sporadiquement dans des régions pourtant bien vaccinées. Des infections franchissent la barrière des espèces, modifiant les schémas de transmission connus et compliquant la prévention.
Pourquoi les maladies infectieuses restent une préoccupation majeure aujourd’hui
Les maladies infectieuses restent au centre des enjeux sanitaires dans le monde. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recense chaque année plus de 13 millions de morts liées à ces affections. Malgré les innovations médicales, la menace ne s’éteint pas : certaines maladies réapparaissent là où on ne les attend plus, d’autres se propagent à la faveur de la globalisation et des migrations.
La dynamique actuelle favorise la circulation des virus, bactéries et autres agents infectieux : urbanisation accélérée, déforestation, multiplication des flux internationaux. Les allers-retours quotidiens de personnes et de marchandises offrent un terrain propice à la diffusion de nouveaux pathogènes. La pandémie de Covid-19 en a été la démonstration éclatante : un micro-organisme peut parcourir la planète à une vitesse inédite.
La situation se complique avec la montée des maladies à transmission vectorielle comme la dengue ou le chikungunya, qui gagnent du terrain sous l’effet du changement climatique. Parallèlement, l’antibiorésistance se développe à cause d’un usage trop large ou inadapté des antibiotiques, rendant certains traitements inefficaces. Le système immunitaire humain, quant à lui, doit composer avec des pathogènes de plus en plus coriaces.
L’approche One Health, promue par l’Institut Pasteur et le CEA, met en avant l’étroite connexion entre santé humaine, animale et environnementale. Les efforts se concentrent sur la recherche, la vaccination, la mise au point de nouveaux anticorps et vaccins pour contrer les épidémies ou les pandémies à venir. Les acteurs de la santé s’organisent pour détecter rapidement les nouveaux agents pathogènes et limiter les grandes vagues d’infections.
Les principaux mécanismes de transmission : ce qu’il faut savoir
Comprendre comment circulent les agents infectieux permet d’agir plus efficacement. La transmission directe s’effectue lors d’un contact physique rapproché. Voici ce que cela implique :
- Des gestes aussi ordinaires qu’un éternuement, une poignée de main ou une accolade peuvent suffire à transmettre virus ou bactéries.
- Les voies respiratoires sont souvent sollicitées par ces agents.
- Les gouttelettes émises en toussant ou en parlant se dispersent dans l’air, atterrissant sur les muqueuses du visage.
La transmission indirecte suit d’autres itinéraires. On la retrouve dans les situations suivantes :
- Des objets du quotidien, appelés fomites, agissent comme relais discrets : poignées, smartphones, claviers d’ordinateur.
- Certains agents survivent plusieurs heures, voire plusieurs jours, sur ces surfaces.
- Se toucher le visage après avoir manipulé ces objets augmente le risque d’infection.
Certains micro-organismes s’appuient sur des vecteurs vivants pour circuler. La transmission vectorielle, liée par exemple aux maladies transmises par les moustiques, fonctionne ainsi :
- Des maladies comme le virus Ebola, la fièvre jaune ou le chikungunya passent par un intermédiaire vivant, moustique, tique ou autre arthropode, qui fait le lien entre l’animal et l’être humain.
L’environnement lui-même peut devenir un point de départ :
- L’eau contaminée, les aliments insuffisamment cuits, ou même l’air chargé d’aérosols infectieux contribuent à la dissémination.
- La diversité de ces mécanismes de transmission exige une vigilance de tous les instants, en laboratoire comme dans la réalité du terrain.
Quels sont les facteurs qui augmentent les risques de contagion ?
Plusieurs dynamiques accentuent la propagation des maladies infectieuses. Voici les principaux facteurs en jeu :
- La concentration urbaine et l’essor des échanges mondiaux créent des environnements favorables à la circulation rapide des agents infectieux.
- Les réseaux de transport, qu’il s’agisse de voyageurs ou de marchandises, jouent un rôle déterminant dans la diffusion de ces maladies à l’échelle planétaire.
- L’épisode du Covid l’a montré de façon saisissante, mais ce phénomène concerne aussi les maladies transmises par des vecteurs ou liées à l’alimentation.
Le changement climatique modifie les équilibres naturels :
- Des espèces comme le moustique tigre ou la tique s’étendent vers de nouvelles régions, entraînant l’apparition de maladies comme la dengue, le chikungunya ou la maladie de Lyme dans des zones auparavant épargnées.
- Les bouleversements écologiques dus à la déforestation ou aux conflits déplacent les populations et créent des contextes où de nouveaux agents infectieux peuvent émerger et se diffuser.
Le contexte social et économique pèse également :
- Précarité, manque de logement, accès difficile à l’eau potable ou à l’hygiène, proximité dans les camps de réfugiés : chaque faille du tissu social favorise la transmission des infections.
- Les déplacements massifs liés aux guerres ou aux migrations accélèrent le brassage des populations et la circulation de pathogènes parfois résistants.
Enfin, l’utilisation mal maîtrisée des antibiotiques, aussi bien chez les humains que dans le monde animal, accentue l’antibiorésistance :
- Les conséquences se ressentent à l’hôpital, avec des infections qui deviennent beaucoup plus difficiles à soigner.
- L’environnement, exposé à des résidus de médicaments, se transforme à son tour en foyer de résistance.
Prévention et bonnes pratiques pour limiter la propagation des maladies infectieuses
Adopter des gestes simples, c’est déjà agir concrètement pour limiter la diffusion des maladies infectieuses. Voici les mesures à privilégier :
- Un lavage minutieux et fréquent des mains, avec du savon ou une solution hydro-alcoolique, reste la base des mesures de prévention.
- Cette routine coupe la chaîne de transmission, que l’agent soit transmis directement ou déposé sur une surface.
La vaccination, individuelle ou collective, offre une solide barrière contre de nombreux virus et bactéries :
- L’immunisation active réduit la probabilité de flambées épidémiques, tandis que l’immunisation passive, par apport d’anticorps, s’adresse en particulier aux personnes fragilisées ou exposées après un contact à risque.
- L’immunité collective protège aussi les plus vulnérables, à condition de garantir une couverture vaccinale suffisante.
Quand le risque de propagation augmente dans une population, l’isolement rapide des personnes malades, la quarantaine pour les contacts suspects et une surveillance épidémiologique active deviennent indispensables. Les professionnels de santé jouent ici un rôle pivot :
- Ils détectent les premiers signaux, appliquent les règles d’asepsie et alertent rapidement les autorités sanitaires.
L’approche One Health guide désormais la création des politiques de prévention, en associant la santé humaine, animale et la préservation de l’environnement :
- L’impact des pratiques vétérinaires, la vigilance sur l’hygiène alimentaire et la gestion responsable des milieux naturels pèsent dans la lutte contre les infections émergentes.
À mesure que les frontières s’effacent et que les circuits de propagation se complexifient, la vigilance collective reste la meilleure arme. Les gestes du quotidien, les avancées scientifiques et une réponse rapide aux signaux faibles sont les véritables remparts face à la prochaine vague invisible.


