Odeur des excréments végétaliens : facteurs influençant leur parfum distinct

Un régime végétalien ne laisse pas seulement une empreinte sur l’assiette. Il imprime aussi sa marque jusque dans les effluves les plus intimes, où la chimie du corps raconte, à sa manière, l’aventure du végétal. Les selles des personnes végétaliennes ne sentent pas « comme les autres » : la différence se mesure, se ressent, s’analyse. Pourquoi ce parfum si singulier ? La réponse se trouve au croisement de la biochimie intestinale, des choix alimentaires et de la longue histoire des senteurs animales et végétales.

Les changements dans la flore intestinale influencent la nature des gaz et des substances libérées lors de la digestion. Dans les régimes riches en fibres, certains acides gras volatils s’accumulent et déclenchent la production de composés aromatiques inhabituels. La manière dont l’organisme gère les protéines végétales diffère sensiblement de la transformation des protéines animales, générant des sous-produits qui détonnent par rapport aux profils observés dans d’autres régimes.

Les polyphénols, largement présents dans l’alimentation végétalienne, complexifient le profil olfactif : ils modulent l’activité bactérienne, influencent la dégradation des fibres et aboutissent à des signatures odorantes inédites. Quand certains glucides complexes rencontrent des populations bactériennes spécifiques, le cocktail de molécules produit est rarement retrouvé chez les adeptes d’une alimentation plus variée.

Pourquoi les selles des végétaliens dégagent-elles une odeur si particulière ?

Ce qui frappe d’abord, c’est cette odeur atypique des excréments végétaliens. Sa singularité provient d’une alchimie précise : la digestion, menée par un microbiote façonné par le végétal, produit des substances volatiles distinctes de celles issues d’une alimentation omnivore. Les fibres abondantes, une fois fermentées, donnent naissance à des bouquets aromatiques qui s’écartent nettement des senteurs plus classiques, souvent dominées par des notes soufrées.

Deux molécules se démarquent : le scatol et l’indole. Ces composés aromatiques, issus de la dégradation du tryptophane, confèrent aux selles des notes animales, parfois surprenantes. Leur présence ne se limite pas au règne intestinal : on les retrouve aussi dans des matières premières très recherchées en parfumerie. Le scatol, extrait de la civette, et l’indole, détecté dans le jasmin, possèdent cette capacité à osciller entre l’agréable et l’écœurant selon leur concentration.

Voici quelques exemples qui illustrent cette dualité olfactive entre matières naturelles et signatures fécales :

  • L’hyraceum, appelé aussi pierre d’Afrique, provient des excréments fossilisés du daman des Rochers. Les parfumeurs l’apprécient pour ses notes animales et musquées, capables de transformer un accord.
  • Chez les végétaliens, le régime stimule la production de ces molécules, sans qu’aucune source animale directe n’intervienne.

La proximité entre certaines odeurs corporelles et les bases de la parfumerie, connue depuis l’Antiquité, montre combien les frontières sensorielles sont poreuses. Le microbiote, véritable chef d’orchestre, module le résultat final : chaque profil bactérien, nourri par des fibres spécifiques, imprime sa marque. Les selles végétaliennes se reconnaissent alors à leur complexité, dominée par des nuances animales, musquées, parfois proches du cuir ou du foin, loin des effluves typiques des omnivores.

Fibres, microbiote et alimentation : les facteurs clés qui modifient le parfum des excréments

Le choix d’une alimentation végétalienne, particulièrement riche en fibres, modifie en profondeur l’écosystème digestif. Ces fibres, qu’elles soient solubles ou insolubles, alimentent une faune bactérienne différente de celle des omnivores. Le microbiote des végétaliens, souvent dominé par des bifidobactéries et des lactobacilles, transforme les végétaux en une panoplie de composés volatils, éloignés des odeurs soufrées habituelles.

Parmi les composés aromatiques qui entrent en jeu, certains occupent une place de choix : le scatol, l’indole et le paracrésol. Ils résultent de la dégradation des acides aminés et des polyphénols, et leur proportion varie selon l’alimentation et la diversité des fibres consommées. Leur interaction dessine un sillage olfactif inédit, parfois animal, parfois musqué, qui ne laisse pas indifférent. Les selles végétaliennes se distinguent ainsi par des accents rappelant le cuir ou le foin, à l’image de certaines créations de niche en parfumerie.

Pour mieux cerner ces différences, voici les principales molécules impliquées :

  • Scatol et indole : présents dans la nature (civette, jasmin), ils contribuent fortement au profil aromatique des selles végétaliennes.
  • Civettone et paracrésol : issus de la synthèse ou de sécrétions animales, ces molécules illustrent la frontière ténue entre attraction et répulsion olfactive.

Le contenu de l’assiette, la variété des fibres, l’apport en légumineuses et en céréales complètes ajustent la nature des métabolites produits par le microbiote. On obtient ainsi une palette olfactive dense, reflet de la spécificité du transit végétalien, où la chimie digestive sculpte des arômes inattendus.

Assortiment de plats vegan colorés sur une table en bois

Des pistes pour mieux comprendre (et parfois atténuer) ces effluves singuliers

Les odeurs propres aux selles végétaliennes attisent la curiosité autant qu’elles étonnent. Pour en saisir les ressorts, il faut explorer les liens entre alimentation, fonctionnement du métabolisme et usages historiques des odeurs animales. Pendant des siècles, la parfumerie a misé sur des matières premières animales pour donner du corps et de la profondeur à ses créations. Le musc de chevrotin, interdit aujourd’hui, a marqué l’univers olfactif par son impact. L’ambre gris, secrété par le cachalot, reste autorisé et apporte une touche minérale et animale unique à certaines compositions.

D’autres substances, telles que le castoréum (issu du castor) ou la cire d’abeille, sont reconnues pour leurs nuances cuirées, balsamiques ou miellées, capables d’adoucir des accords puissants. L’hyraceum, excrément fossile du daman africain, séduit par ses accents de foin, de cuir ou de sous-bois. Sa collecte respecte à la fois l’animal et des critères éthiques stricts.

Pour ceux qui souhaitent réduire l’intensité de ces arômes, il existe plusieurs approches pragmatiques :

  • Ajuster la diversité des fibres alimentaires, en équilibrant la part de fibres solubles et insolubles.
  • Maintenir une bonne hydratation pour favoriser la dilution des molécules odorantes.
  • Soutenir l’équilibre du microbiote grâce à des apports réguliers en prébiotiques et probiotiques.

L’analyse de ce phénomène met en lumière la place singulière de l’animal dans notre histoire olfactive et la transition vers des alternatives végétales ou synthétiques. Les réglementations, de la convention de Washington à la charte des parfumeurs, redéfinissent les usages, tandis que la science continue de décoder les mystères du lien entre alimentation et parfum. Un rappel, au passage, que nos choix alimentaires résonnent bien au-delà de l’assiette, jusque dans les recoins les plus inattendus de notre quotidien.

Nos lecteurs ont apprci

Retraite spirituelle : définition, bienfaits et pratiques pour se ressourcer

En France, près d'un tiers des adultes déclarent avoir déjà envisagé de prendre part à une retraite pour s'accorder un temps de réflexion ou

Sommeil et perte de poids : 6 heures suffisent-elles

Six heures sur l'horloge, c'est parfois tout ce que l'on concède à la nuit, persuadé que ce minimum syndical suffira à tenir le cap